Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/216

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vaillerai avec ma traverse. Voyez, la pierre est tendre, et il ne sera pas difficile de creuser une rainure pour faire glisser le barreau. Nous sommes de fichus maladroits si nous ne réussissons pas à nous ouvrir un chemin avant que le jour ait paru.

— Mais en admettant que nous puissions arriver jusque dans la cour, que ferons-nous après ?

— Chaque chose en son temps, mon ami. Ce n’est pas une raison pour rester indéfiniment sur le Kennebec parce que vous ne voyez pas comment vous ferez pour traverser le Penobscot. En tout cas il y a plus d’air dans la cour qu’ici, et quand nous aurons franchi la fenêtre nous nous occuperons du reste.

Les deux amis n’osèrent pas continuer leur besogne pendant le jour de peur d’être surpris par le geôlier ou observés du dehors.

Ils mangèrent leur pain et burent leur eau avec l’appétit d’hommes qui avaient été souvent privés même d’une nourriture aussi frugale. Dès que la nuit fut venue, ils se mirent au travail ; un orage avait éclaté et il pleuvait, mais ils y voyaient parfaitement, tandis que l’ombre projetée par le cintre de la fenêtre les empêchait, d’être vus. Avant minuit ils avaient détaché un barreau, et l’autre commençait, à jouer dans le scellement quand un léger bruit leur fit détourner la tête et ils virent le geôlier debout au milieu de la cellule qui les regardait la bouche ouverte.

Ce fut Catinat qui l’aperçut le premier. En un