Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/231

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risquer à être vus dans les appartements de celle qui avait à jamais perdu tout espoir de rentrer en faveur.

Elle était encore dans son cabinet de toilette quand son page vint lui annoncer que le roi l’attendait dans le salon. Mme de Montespan put à peine croire à une telle bonne fortune. Elle s’était creusé la tête toute la matinée pour imaginer un moyen d’arriver jusqu’à lui et il était là qui l’attendait. Après un dernier coup d’œil à la glace, elle se hâta d’aller le rejoindre.

Il se tenait debout, le dos tourné vers la porte, examinant un tableau de Snyder. Au bruit qu’elle fit en entrant il se retourna et fit un pas vers elle. Elle s’était précipitée au-devant de lui avec un petit cri de joie, tout son beau visage rayonnant d’amour ; mais il fit de la main un geste d’autorité qui la cloua sur place. Il y avait dans le regard de son amant une expression qu’elle n’y avait jamais vue auparavant, et déjà quelque chose lui murmurait au fond de son âme qu’aujourd’hui elle n’était pas la plus forte.

— Vous êtes encore fâché contre moi, Sire ? s’écria-t-elle.

Il était venu dans l’intention de lui apprendre brusquement son mariage. Mais lorsqu’il la vit devant lui dans toute sa beauté, le courage lui manqua. Un autre le lui dirait.

Son silence augmenta l’alarme de Mme de Montespan.