Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/246

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prendre mon manteau et cette cassette, nous partirons sur-le-champ.

Ils sortirent ensemble, et prirent les corridors les moins fréquentés. Mme de Montespan sentait battre son cœur à chaque bruit qu’elle entendait dans les galeries désertes. Mais la chance la favorisa. Elle ne rencontra personne et se trouva bientôt à la petite porte de l’Est. Deux gros suisses flegmatiques étaient appuyés sur leurs mousquets de chaque côté de la grille et la lumière de la lampe suspendue au-dessus de la porte tombait sur la voiture qui l’attendait. La portière fut ouverte ; un cavalier enveloppé d’un manteau noir lui offrit la main, puis il prit place en face d’elle, et la calèche descendit l’allée principale au trot de ses deux chevaux.

Elle n’avait pas été surprise en voyant cet homme s’asseoir en face d’elle, car elle était habituée à être ainsi accompagnée, et il avait sans doute pris la place que devait occuper ensuite son frère. Cela n’avait rien que de naturel. Mais quand dix minutes se furent écoulées sans que l’homme eût bougé ou prononcé une parole, elle avança la tête et chercha à distinguer ses traits. Mais son chapeau était rabattu sur ses yeux, et il avait le bas du visage caché dans les plis du manteau ; tout ce qu’elle put apercevoir c’étaient deux yeux rivés sur les siens.

Se sentant alors envahie d’une vague inquiétude, elle prit le parti de rompre le silence.

— Assurément, monsieur, dit-elle, nous avons