Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/30

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— Je puis dire, en outre, à Votre Majesté, dit le Père La Chaise, qu’en même temps que la vérité ils y ont trop souvent laissé la vie.

— Oui, Sire, c’est vrai, dit M. de Frontenac. Votre Majesté ne manque pas de braves dans ses domaines, mais elle n’en a pas de plus braves que ceux-là. Je les ai vus revenir des villages iroquois, du fleuve Richelieu, avec les ongles arrachés, les mains mutilées, des trous noirs à la place des yeux, des cicatrices sur tout le corps, aussi nombreuses que les fleurs de lis sur ce rideau. Cependant, après un mois de soins chez les bonnes Ursulines, ils ont repris le chemin du pays indien où les chiens eux-mêmes ont été effrayés à la vue de leurs visages défigurés et de leurs membres tordus.

— Et vous avez souffert cela, monsieur, s’écria Louis d’un ton de colère. Vous avez laissé vivre ces infâmes assassins ?

— J’ai demandé des troupes, Sire !

— Je vous en ai envoyé.

— Un régiment.

— Le Carignan-Salière. Je n’en ai pas de meilleur dans mon service.

— Mais il en faut davantage, Sire.

— Il y a les Canadiens eux-mêmes. N’avez-vous pas une milice ? Ne pouviez-vous pas lever des troupes en nombre suffisant pour punir ces infâmes meurtriers des prêtres de Dieu ? J’avais toujours cru comprendre que vous étiez un soldat.

Les yeux de Frontenac lancèrent des éclairs et