Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/312

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vieillard dont la figure avait la teinte de la cendre.

— Cet homme a-t-il eu les sacrements de l’Église ? demanda-t-il.

— Je ne crois pas qu’il en ait besoin, répondit évasivement Catinat.

— Qui de nous n’en a besoin ? dit le moine sévèrement. Et comment un homme peut-il espérer le salut sans eux ? Je vais les lui administrer sur-le-champ.

Mais le vieux huguenot avait rouvert les yeux, et, par un dernier effort, il repoussa l’homme encapuchonné de gris qui se penchait sur lui.

— J’ai abandonné tout ce que j’aimais pour ne pas vous céder ; croyez-vous que vous me vaincrez maintenant ?

Le franciscain recula d’un pas.

— Ah ! dit-il. Vous êtes huguenot, alors ?

— Chut ! pas de discussions devant un mourant, dit Catinat d’une voix non moins sévère que celle du moine.

— Devant un mort, ajouta Amos, solennellement.

En effet, le visage du vieillard s’était adouci, les milles rides qui le sillonnaient avaient disparu comme si une main invisible eût passé dessus, et sa tête était retombée contre le mât. Adèle resta sans un mouvement, avec ses bras encore passés autour du cou de son père et sa joue contre son épaule. Elle s’était évanouie.

Catinat prit sa femme dans ses bras et l’emporta dans la cabine d’une des dames qui leur