Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/379

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Le matin du second jour, Craddock put se rendre compte que la voilure du navire avait été sensiblement, diminuée et qu’il virait lentement sous une faible brise. L’angle de pente du navire sur le flot et les bruits qu’il entendait sur le pont faisaient deviner à ses sens exercés ce qui se passait au plein air. Les bordées successives lui démontraient qu’on louvoyait près de la côte et qu’on se dirigeait vers un point bien défini. S’il ne se trompait pas, on devait arriver à la Jamaïque. Mais dans quel but ? voilà ce qu’il ne pouvait arriver à comprendre.

Tout à coup il perçut sur le pont un immense éclat de cris d’allégresse, de vivats bien nourris, puis, au-dessus de sa tête, le bruit sourd du canon, auquel répondirent les grondements éloignés des batteries du port. Craddock se souleva et écouta de toutes ses oreilles. Le navire était-il dans le feu du combat ? Un seul coup de canon avait été tiré du bord, bien que plusieurs lui eussent répondu, mais il n’avait pas entendu contre les parois ce bruit particulier de la mitraille venant s’abattre sur le bois.

Si ce n’était pas un combat, ce devait être un salut ; mais qui pouvait saluer Sharkey le pirate ? Seul, un autre navire de la même espèce pouvait le faire. Craddock