Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/68

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homme eut un geste de fureur à la pensée de sa propre impuissance.

— Pierre est là ?

— Il n’est d’aucune utilité.

— Et Amos Green ?

— Oh ! celui-là c’est différent, c’est un homme, rien qu’à le voir. Sa mère était de Staten Island, près de Manhattan ; elle était de notre religion : elle faisait partie de ces brebis qui fuirent dès le début devant les loups, quand il devint évident que le roi menaçait Israël. Il parle français, et cependant son apparence n’est pas celle d’un Français et ses manières sont différentes des nôtres.

— Il a choisi une mauvaise époque pour sa visite.

— Elle cache peut-être quelque sage dessein.

— Et vous l’avez laissé dans la maison ?

— Oui ; il était assis avec ce Dalbert, fumant avec lui, et lui racontant d’étranges histoires.

— Quelle aide attendre de cet étranger dans un pays qu’il ne connaît pas ? Vous avez eu tort de quitter ainsi Adèle, mon oncle.

— Elle est entre les mains de Dieu, Amaury.

— Je le souhaite. Oh ! je brûle d’être arrivé.

Il avança la tête à travers le nuage de poussière que soulevaient les roues, et la grande ville lui apparut noyée dans une vapeur bleue d’où s’élançaient les deux tours de Notre-Dame avec la flèche de Saint-Jacques et toute une forêt de clochers, monuments de dévotion huit fois cente-