Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/71

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Du balcon supérieur pendait, la tête en bas, un homme vêtu de l’habit bleu des dragons du roi. Il n’avait ni chapeau ni perruque et sa tête aux cheveux coupés ras se balançait à cinquante pieds au-dessus du sol. Son visage tourné du côté de la rue était d’une pâleur mortelle, et ses yeux étaient fermés comme s’il eût eu peur de voir l’horrible position où il se trouvait.

Au-dessus de la balustrade du balcon se penchait un jeune homme tenant le dragon par les chevilles, et le visage tourné par-dessus son épaule comme pour maintenir en respect un groupe de soldats encadrés dans la haute fenêtre ouverte derrière lui, et hésitant à avancer devant l’air de défi du jeune homme.

Soudain, un remous se fit dans la foule et un grand cri s’en échappa. Le jeune homme avait lâché une des chevilles, et le dragon était maintenant suspendu par un seul pied, son autre jambe s’agitant désespérément dans le vide. Il cherchait à s’accrocher de ses mains au mur sans rencontrer un point d’appui dans la charpente, tout en hurlant de toute la force de ses poumons.

— Remonte-moi, fils du diable, remonte-moi, criait-il. Il veut m’assassiner. Au secours ! bonnes gens, au secours !

— Vous voulez remonter, capitaine ? dit la voix claire du jeune homme, en excellent français, mais avec un accent qui résonna étrangement aux oreilles de la foule.

— Oui, par la sangdieu, oui !