Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

règne dans le pays, il vous sera chaque année de moins en moins aisé de comprendre les sentiments des gens de ma génération, au temps où Anglais combattaient contre Anglais et où celui qui aurait dû être le bouclier et le protecteur de ses sujets, n’avait d’autre pensée que de leur imposer par la force ce qu’ils abhorraient et détestaient le plus.

Mon histoire est de celles que vous ferez bien de mettre dans le trésor de votre mémoire, pour la conter ensuite à d’autres, car selon toute vraisemblance, il ne reste dans tout ce comté de Hampshire aucun homme vivant qui soit en état de parler de ces événements d’après sa propre connaissance, ou qui y ait joué un rôle plus marqué.

Tout ce que je sais, je tâcherai de le classer en ordre, sans prétention, devant vous.

Je m’efforcerai de faire revivre ces morts pour vous, de faire sortir des brumes du passé ces scènes qui étaient des plus vives au moment où elles se passaient et dont le récit devient si monotone et si fatigant sous la plume des dignes personnages qui se sont consacrés à les rapporter.

Peut-être aussi mes paroles ne feront-elles, à l’oreille des étrangers, que l’effet d’un bavardage de vieillard.

Mais vous, vous savez que ces mêmes yeux qui vous regardent, ont aussi regardé les cho-