Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/247

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«C'est ainsi que sous cet arrosage a poussé cette belle potence, avec le fruit mûr qu'elle porte. Et ici, qu'il pleuve, qu'il fasse du soleil, moi, sa mère, je resterai tant que deux os tiendront encore ensemble, de l'homme qui a fait périr le chéri de mon coeur.

Et en parlant ainsi, elle se serra dans ses haillons, puis appuyant son menton sur ses mains, elle leva les yeux pour contempler avec un redoublement de haine les hideux débris.

-Partons, Ruben, criai-je, car cette vue était bien de nature à inspirer l'horreur de son semblable, c'est une goule, non une femme.

-Pouah! dit Saxon, voilà qui vous fait monter à la bouche une saveur de cadavre! Qui veut partir à fond de train sur les Dunes ? Au diable le souci et la charogne!

   Sir John enfourcha son brave coursier brun,
   Pour une chevauchée à Monmouth, ah!
   Un bon justaucorps de buffle sur le dos,
   Un sabre au côté. Ah!
   Ha! Ha! jeune homme, nous les rebelles, saurons,
   Abattre l'orgueil du roi Jacques. Ah!
   En avant, mes gaillards, à toute bride, et du sang à l'éperon!

Nous donnâmes de l'éperon à nos chevaux pour nous éloigner au galop de ce lieu maudit aussi vite que nos braves bêtes pouvaient nous porter.

L'air avait pour nous tous une saveur plus pure, la bruyère un parfum plus doux, grâce au