Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/73

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mille au plus de l'endroit où nous nous trouvions.

Nous en étions si près que nous pouvons entrevoir les figures qui se mouvaient sur son pont, pendant qu'il donnait à la bande sous la brise.

Nous entendions même le craquement de ses vergues, et le battement de ses voiles salies par des intempéries, au moment où il fut sur le point de reprendre sa route.

-Regardez donc, Micah, dit mon compagnon, en levant les yeux de sa ligne, voilà un navire qui ne sait guère ce qu'il veut faire... un navire qui ne fera pas son chemin dans le monde. Voyez-vous cette attitude irrésolue sous le vent. Il ne sait s'il doit virer de bord ou aller de l'avant. C'est un courtisan des circonstances, un Lord Halifax de la mer.

-Non, dis-je en regardant fixement, les yeux abrités sous ma main, c'est qu'il y a quelque accident à son bord. Il vacille comme s'il n'y avait personne à la barre. Sa grande vergue descend! Non, voilà qu'il se met en marche maintenant! Les gens, qui sont sur le pont, m'ont l'air de se battre ou de danser. Relevons l'ancre, Ruben, et ramons de son côté.

-Relevons l'ancre et ramons pour nous en éloigner, répondit Ruben, l'oeil toujours fixé sur le navire inconnu. Qu'est-ce que cette manie que vous avez de vous fourrer toujours dans quelque danger ? Il porte pavillon hollandais, mais qui