Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/84

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et qu'au contraire vous êtes si bien entre mes mains qu'un mot de moi suffit pour anéantir toute votre famille. Mais Decimus Saxon est un homme éprouvé, et ce mot ne sera jamais dit.

-Si tout cela est vrai, dis-je, et si votre mission est réellement celle dont vous parlez, pourquoi nous avez-vous proposé, il n'y a qu'un instant, de gagner la France ?

-Voilà une question fort bien faite et pourtant la réponse est assez claire, répondit-il. Vos figures sont agréables et intelligentes, mais il ne m'était pas possible d'y lire que vous étiez réellement des Whigs, des amis de la bonne vieille cause. Vous auriez pu me conduire dans quelque endroit où des douaniers et d'autres auraient éprouvé le besoin de regarder de près, de fureter, ce qui aurait fait courir des risques à ma mission. Plutôt un voyage en France dans une barque non pontée que cela.

-Je vous conduirai auprès de mon père, dis-je après avoir réfléchi quelques instants. Vous pourrez lui remettre votre lettre et expliquer votre affaire. Si vous êtes de bonne foi, vous serez accueilli avec empressement, mais s'il se découvre que vous êtes un scélérat, ainsi que je le soupçonne, ne comptez sur aucune pitié.

-Ah! ce petit! Il parle comme le Lord grand chancelier d'Angleterre. Que dit donc l'ancien:

   Il ne pouvait ouvrir la bouche
   Qu'il n'en tombât un trope.