— Alors vous êtes coupable ?
— Non.
— Qui donc a tué le colonel Barclay ?
— C’est une Providence incroyable qui l’a tué ! mais rappelez-vous ceci : si je lui avais fait sauter la cervelle, comme c’était mon intention, il n’aurait eu de ma main que ce qu’il méritait. Le remords seul l’a tué ; sans cela j’aurais peut-être sa mort sur la conscience. Vous voulez que je vous conte cette histoire ? Au fait, je ne sais pas pourquoi je vous la cacherais ; je n’ai pas lieu d’en rougir. Voici les faits :
Vous me voyez aujourd’hui avec une bosse de chameau et les côtes de travers, eh bien ! il fut un temps où le caporal Henri Wood tenait le record de la beauté au 117e de ligne ! Nous étions alors aux Indes, cantonnés à un endroit appelé Bhurtee. Barclay, qui vient de mourir, était sergent à la même compagnie que moi, et la belle du régiment (la plus belle fille du monde, certes) était Nancy Devoy, la fille du porte-étendard indigène. Deux hommes l’aimaient éperdument ; elle n’en aimait qu’un : c’était moi. Vous pouvez rire en