Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/144

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tellement à cette remarque que Lucy Ferrier éclata de rire.

« Allons, ce n’est pas ce que je voulais dire, reprit-elle, bien sûr que vous êtes un ami, il faut venir nous voir. Seulement laissez-moi continuer mon chemin, ou sans cela mon père ne voudra plus me confier ses commissions pour la ville. — Au revoir.

— Adieu », répondit-il en enlevant son large sombrero, et en s’inclinant sur la petite main qu’on lui tendait.

Lucy tourna son cheval, le cingla d’un coup de cravache et partit comme un trait en soulevant un nuage de poussière.

Le jeune Jefferson continua sa route avec ses compagnons, mais il resta sombre et taciturne. Tous ces hommes venaient de prospecter dans les monts Nevada à la recherche de mines d’argent et ils arrivaient à Salt Lake City, espérant y trouver les capitaux nécessaires pour exploiter les filons découverts. — Jusqu’alors Jefferson s’était montré aussi ardent au gain que les autres, mais cet incident inattendu allait changer le cours de ses idées. La vue de cette blonde jeune fille, franche et saine comme les brises qui viennent caresser la Sierra, avait remué jusqu’au plus profond ce cœur sauvage et passionné. En la voyant s’évanouir dans le lointain, il comprit qu’un changement se produisait