Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/178

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il aperçut encore en se retournant le vieillard et la jeune fille accroupis devant le feu, tandis qu’un peu plus loin il distinguait les trois chevaux immobiles. Il poursuivit alors son chemin et au détour d’un rocher il les perdit de vue.

Pendant deux milles environ, les ravins se succédèrent sans qu’il eût rien rencontré. Cependant les marques empreintes sur l’écorce des arbres, aussi bien que les traces qu’il relevait à terre, prouvaient que cette région devait renfermer des ours en grand nombre. Enfin après avoir marché deux ou trois heures sans résultat, il allait se décider à revenir sur ses pas en désespoir de cause, lorsqu’en levant les yeux il aperçut un spectacle qui le fit tressaillir d’aise.

Sur la saillie d’un énorme rocher, à trois ou quatre cents pieds au-dessus de sa tête, se dessinait la silhouette d’un animal assez semblable à un mouton, mais orné d’une paire de cornes gigantesques. Ce mouflon, car c’en était un, était sans aucun doute la sentinelle avancée d’un troupeau invisible ; comme par bonheur il regardait dans une direction opposée à celle où se trouvait notre chasseur, il ne l’avait pas éventé. Jefferson Hope se coucha à plat ventre et appuyant la crosse de sa carabine dans le creux d’une pierre il visa longuement avant de presser la détente. Au coup de fusil l’animal fit un bond désespéré, chancela un instant