Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/208

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mon pouls et mes tempes comme un marteau sur une enclume et j’allais certainement avoir une attaque quand, par bonheur, un violent saignement de sang vint me soulager.

« Te souviens-tu maintenant de Lucy Ferrier ? m’écriai-je, après avoir fermé la porte et en lui mettant la clef sous le nez. Ah ! le châtiment s’est fait attendre, mais le jour de la vengeance est enfin arrivé… » Le lâche se mit à trembler de tous ses membres et m’aurait bassement supplié de lui donner la vie, s’il n’avait pas trop bien compris que tout serait inutile.

« Est-ce-que vous voulez m’assassiner ? balbutia-t-il.

— Qui parle d’assassinat ? répondis-je. Est-ce assassiner que d’abattre un chien enragé. As-tu eu pitié, toi-même, quand tu as arraché la pauvre fille qui m’était si chère, au cadavre de son père, pour la livrer à l’infamie et à la honte dans ton harem maudit ?

— Ce n’est pas moi qui ai tué son père, implora-t-il.

— Mais c’est toi qui as brisé ce cœur innocent, hurlai-je, et je tirai de ma poche une de mes petites boîtes. Que le Dieu tout-puissant juge entre nous, continuai-je, choisis une de ces pilules. L’une d’elles contient la mort, l’autre est inoffensive, je prendrai celle que tu laisseras. Nous verrons bien s’il y a une justice au ciel, ou si c’est le hasard seul qui nous mène. »