Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/59

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une double trace laissée par les roues d’un fiacre, qui s’était rangé contre la grille ; or avant la journée d’hier, il n’avait pas plu depuis longtemps, les ornières très visibles et relativement profondes n’avaient pu être faites que pendant la nuit. J’ai remarqué aussi les empreintes formées par les fers du cheval ; l’une d’elles présentait des contours beaucoup plus nets que les trois autres ; elle avait donc été faite par un fer neuf. Vous le voyez, je savais qu’un fiacre s’était arrêté là après qu’il avait commencé à pleuvoir, mais je savais aussi d’après les affirmations de Gregson qu’on n’y avait pas vu de voiture pendant la matinée. J’en ai donc conclu que le fiacre était venu pendant la nuit, et que par conséquent il avait dû amener le meurtrier et sa victime.

— Cela semble assez logique, dis-je, mais comment avez-vous pu mesurer la taille de l’assassin ?

— Voici : neuf fois sur dix, la taille d’un homme peut être évaluée d’après la longueur de ses enjambées. C’est un calcul à faire, mais je ne veux pas vous ennuyer avec une kyrielle de chiffres. Qu’il vous suffise donc de savoir que j’ai relevé deux fois ses enjambées, d’abord sur le sol argileux de l’allée et ensuite sur le plancher poussiéreux de la chambre. Puis j’ai eu encore un autre moyen de vérifier mon calcul. Lorsqu’un homme écrit sur un mur, d’instinct il trace les caractères à la hauteur de son œil.