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n’avais pas le droit d’agir comme je l’ai fait ? Pardieu ! si j’en avais eu le temps, je l’aurais laissé sur la route aussi nu qu’il a lui-même laissé nus tant de veuves et d’orphelins !

— Cela est fort bien ; mais moi ? mais les jeunes dames ?

— Ayez donc un peu de bon sens, Barker ! N’attaquer qu’un ennemi personnel, n’était-ce pas me désigner bénévolement à la justice ? J’étais tenu de me transformer en un malfaiteur vulgaire, tombé par accident sur un financier. C’est ainsi qu’à mes risques et périls j’allai opérer sur la grande route. Le diable voulut que le premier passant que je rencontrai, ce fût vous. Je fus un imbécile de ne pas reconnaître votre tacot au bruit de ferraille qu’il faisait en montant la côte. Je faillis, devant vous, rester sans voix, tant j’avais envie de rire.

Enfin, mon homme arriva. Avec lui, par exemple, je ne plaisantai plus. Je m’étais promis de le dépouiller jusqu’à la peau, j’étais dehors pour ça, je me suis à peu près tenu parole.

***

Le jeune homme se leva lentement. Un large sourire s’épanouit sur ses lèvres. Serrant la main du magistrat :

— N’y revenez pas, dit-il, c’est trop risqué. Cette canaille de Wilde triompherait si l’on venait à vous prendre.

— Vous êtes un brave garçon, Barker, répondit le magistrat. Non, je n’y reviendrai pas. Qui donc a parlé d’une heure ma-