Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour laisser tomber un « non », que je vis, plutôt que je ne l’entendis.

— Votre mémoire vous trahit sûrement, dis-je. Je puis vous citer un passage de votre lettre. Le voici : « Je vous en prie, je vous en supplie, vous êtes un homme d’honneur, brûlez cette lettre et soyez ce soir, à dix heures, à la porte de la lande ».

Je crus que Mme Lyons allait s’évanouir ; mais, par un suprême effort de volonté, elle se ressaisit.

« Je croyais un galant homme incapable d’une telle action ! bégaya-t-elle.

— Vous êtes injuste pour sir Charles… Il a brûlé votre lettre. Mais quelquefois une lettre, même carbonisée, reste encore lisible… Reconnaissez-vous l’avoir écrite ?

— Oui, je l’ai écrite ! » s’écria-t-elle.

Et, répandant son âme dans un torrent de mots, elle ajouta :

« Oui, je l’ai écrite ! Pourquoi le nierais-je ? Je n’ai pas à en rougir !… Je désirais qu’il me secourût et j’espérais l’y amener, s’il consentait à m’écouter. Voilà pourquoi je lui ai demandé une entrevue.

— Pourquoi avoir choisi cette heure tardive ?

— Parce que j’avais appris le matin que sir Charles partait le lendemain pour Londres et que son absence se prolongerait pendant plusieurs mois.

— Mais pourquoi lui donner rendez-vous dans le jardin plutôt que dans le château ?

— Pensez-vous qu’il soit convenable qu’une femme seule aille, à cette heure-là, chez un célibataire ?