J’acceptai donc l’invitation de Stapleton et nous nous engageâmes dans le petit chemin.
« Quel endroit merveilleux que la lande ! dit mon compagnon, en jetant un regard circulaire sur les ondulations de la montagne qui ressemblaient à de gigantesques vagues de granit. On ne se lasse jamais du spectacle qu’elle offre à l’œil de l’observateur. Vous ne pouvez imaginer quels secrets étonnants cache cette solitude !… Elle est si vaste, si dénudée, si mystérieuse !
— Vous la connaissez donc bien ?
— Je ne suis ici que depuis deux ans. Les gens du pays me considèrent comme un nouveau venu… Nous nous y installâmes peu de temps après l’arrivée de sir Charles… Mes goûts me portèrent à explorer la contrée jusque dans ses plus petits recoins… Je ne pense pas qu’il existe quelqu’un qui la connaisse mieux que moi.
— Est-ce donc si difficile ?
— Très difficile. Voyez-vous, par exemple, cette grande plaine, là-bas, vers le nord, avec ces proéminences bizarres ? Qu’y trouvez-vous de remarquable ?
— On y piquerait un fameux galop.
— Naturellement, vous deviez me répondre cela… Que de vies humaines cette erreur n’a-t-elle pas déjà coûté ? Apercevez-vous ces places vertes disséminées à sa surface ?
— Le sol paraît y être plus fertile. »
Stapleton se mit à rire.
« C’est la grande fondrière de Grimpen, fit-il.