Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/144

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« C’est ce que je fis. Ce voisin qui s’appelait Evans se trouvait dans la même situation que moi, il avait fait un faux. Depuis, il a aussi changé de nom et maintenant il est devenu un homme riche et heureux ; il habite le sud de l’Angleterre. Il se montra tout disposé à entrer dans ce complot qui, somme toute, était notre seule planche de salut. Avant de quitter le golfe de Gascogne, il ne restait que deux prisonniers qui n’avaient pas encore été initiés au secret. L’un d’eux était si faible d’esprit, qu’il était impossible de lui rien confier ; l’autre avait la jaunisse, et ne pouvait nous être d’aucune utilité.

« À tout bien considérer, s’emparer du navire devait être chose facile ; l’équipage était une bande de chenapans, choisis tout exprès. Le faux aumônier venait librement dans nos cellules sous prétexte de nous exhorter ; on le laissait entrer avec un sac noir qui contenait soi-disant des opuscules religieux. Ses visites étaient si fréquentes que, le troisième jour, nous avions déjà chacun, caché au pied de notre lit, une lime, une paire de pistolets, cinq cents grammes de poudre et vingt balles. Deux des gardes étaient des agents de Bendergast et le second quartier-maître constituait son bras droit. Le capitaine, les deux maîtres, deux gardes, le lieutenant Martin avec ses dix-huit hommes et le docteur, restaient donc nos seuls adversaires. Bien que sûrs de