Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/54

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reux que vous puissiez être vis-à-vis des gens qui sont à votre service, il est peu probable qu’ils gagnent assez d’argent pour être en mesure de payer à leurs femmes des robes de mille francs. Sans en avoir l’air, j’ai interrogé Mrs. Straker sur la robe en question, et une fois certain qu’elle ne l’avait jamais eue en sa possession, je pris note de l’adresse de la couturière, convaincu qu’en lui montrant la photographie de Straker, je serais aussitôt renseigné sur la véritable personnalité du mystérieux Darbyshire.

Dès lors, tout était expliqué. Straker avait conduit le cheval dans un creux où la lumière de sa bougie ne pouvait être aperçue des environs. Il lui arriva par hasard de trouver la cravate que Simpson avait laissée tomber dans sa fuite, et il la ramassa, comptant peut-être s’en servir pour entraver la jambe de Silver Blaze. Arrivé à l’endroit qu’il avait choisi, il avait enflammé son allumette tout en passant derrière le cheval ; celui-ci, effrayé de cette clarté subite, — sentant de plus, grâce à cet instinct étrange que possèdent les animaux, qu’on nourrissait contre lui quelque mauvais dessein, — bondit, et d’une ruade fracassa la tête de Straker. En tombant, l’entraîneur se fit avec le couteau qu’il tenait à la main une estafilade à la cuisse ; car, en dépit de la pluie, il s’était déjà débarrassé de son manteau afin d’être plus libre pour mener à bien son petit