Page:Dozon - Contes albanais, 1881.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FATIMÉ 3

découvrir un chemin, mais la nuit arriva sans qu’elle y eût réussi. Alors elle grimpa à la cime d’un arbre et, ayant aperçu bien loin, bien loin, une faible lumière, dans son angoisse elle courut de ce-côté et trouva une maison où, à force de prières, on la reçut. Or cette maison servait de gîte à quarante voleurs ; la nuit, ils faisaient leur métier, et le jour ils revenaient au logis. Selon leur coutume, ils vinrent ce jour-là aussi et, en arrivant, ils heurtèrent la porte à coups de crosse de fusil ; elle s’ouvrit et ils entrèrent dans la maison. À peine étaient-ils assis, que l’heure du repas arriva ; la table fut dressée on ne peut mieux et on servit. Mais, au premier morceau qu’ils mirent à la bouche, ils s’aperçurent que les mets n’avaient pas été préparés par leur cuisinier ordinaire (celui-ci, en effet, avait chargé Fatimé de faire le dîner, et qui plus est, il était devenu amoureux d’elle).

Il y a quelqu’un ici, dirent-ils au domestique. Il nia d’abord, mais il finit par leur avouer la vérité. Alors ce fut, parmi les voleurs, à qui prendrait Fatimé pour femme, mais, afin de prévenir toute querelle, on la donna au cuisinier, qui commença dès lors à