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l’ours et LE DERVICHE 21

pis. L’ours alors de crier grâce, et il le laissa.

Un moment après ils arrivèrent au lieu où était le bœuf ; ils retendirent devant eux et se mirent à manger. À peine le derviche eut-il avalé quelques bouchées, qu’il s’arrêta. Pourquoi ne manges-tu pas ? dit l’ours. Il n’y a qu’un moment, répondit le derviche, que j’ai croqué plusieurs moutons, lorsque je suis allé chercher de l’eau (or il n’en avait pas mangé la queue d’un). Le repas fini : Allons, dit l’ours, à ma maison, comme deux amis que nous sommes, et il l’y conduisit.

En arrivant, il commanda à sa mère et à sa sœur d’aiguiser la hache, parce qu’il voulait tuer l’homme qu’il avait amené, afin d’être délivré de quelqu’un de plus fort que lui. Mais la sœur de l’ours courut trouver le derviche et lui rapporta ce discours.

La nuit venue, l’ours ordonna qu’on préparât le souper, et, après avoir mangé leur saoul, les deux compagnons se levèrent et allèrent se coucher. Le derviche feignit de se jeter sur le lit qu’on avait préparé, mais il se cacha sous le bât de l’âne du logis. L’ours, au milieu de la nuit, se leva, et, prenant sa hache, il en asséna trois ou quatre bons coups ;