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Page:Dreyfus - Lettres d un innocent (1898).djvu/139

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LETTRES D’UN INNOCENT

seule préoccupation que tu doives avoir, c’est le souci de l’honneur du nom que tu portes, c’est d’assurer la vie future de nos enfants. Ce but, il faut et tu dois l’atteindre, par quelque moyen que ce soit. Il ne doit pas rester un seul Français qui puisse douter de mon honneur.

Ta mission est grande, tu es digne de la remplir. Quand l’honneur nous sera rendu — et je souhaite pour tous que ce soit bientôt — je consacrerai le restant de mes forces à te faire oublier, à toi aussi, ma pauvre chérie, ces terribles mois de douleur et de chagrin, car, plus que toute autre, tu mérites d’être heureuse et aimée pour ton grand cœur, ton admirable caractère.

Sois donc toujours forte et vaillante ; que mon âme, ma profonde affection te soutiennent et te guident.

Ma pensée est constamment avec toi, avec nos chers petits, avec vous tous.

Baisers aux enfants, à tous.

Je t’embrasse de toutes mes forces,

Alfred.
————
Le 2 Août.
(Huit heures du soir.)

Je venais de terminer cette lettre pour qu’elle parte encore demain pour Cayenne, quand on m’a apporté ton courrier du mois d’avril, tes lettres des mois de juin, ainsi que celles de toute la famille. Je viens de lire rapidement tes lettres ; j’y répondrai plus longuement par le prochain courrier.