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APPENDICE

nos amis, ni tous ces hommes que je connais seulement de nom, mais qui ont, eux, le souci de la justice, ne désarmeront jusque là.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le député, l’expression de mes sentiments distingués.

Lucie Dreyfus.

III

Le Capitaine Dreyfus à Maître Demange

Le 20 janvier 1898.
Madame,

J’ai l’honneur de vous communiquer les lettres que votre malheureux mari m’a écrites il y a trois ans, la veille et le soir même de sa dégradation. C’est bien la preuve qu’il n’a jamais cessé de protester de son innocence.

Votre respectueusement,

Edgard Demange.

Le 3 janvier 1895.
(Jeudi, midi.)
Cher Maître,

Je viens d’être prévenu que je subirai demain l’affront le plus sanglant qui puisse être fait à un soldat.

Je m’y attendais, je m’y étais préparé, le coup a cependant été terrible. Malgré tout, jusqu’au dernier moment, j’espérais qu’un hasard providentiel amènerait la découverte du véritable coupable.

Je marcherai à ce supplice épouvantable, pire que la mort, la tête haute, sans rougir.