Page:Dreyfus - Souvenirs et Correspondance, 1936.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DÉDICACE

La grande guerre a passé, accumulant les ruines.

Parmi les principaux acteurs du grand drame que fut l’affaire Dreyfus, et bien qu’ayant alors combattu dans des camps opposés, combien se retrouvèrent sur les champs de bataïlle, communiant dans un même amour de la patrie. Le lieutenant-colonel du Paty de Clam, le fils unique du lieutenant-colonel Henry, le fils unique de Joseph Reïnach, le fils unique de mon oncle Mathieu Dreyfus, et bien d’autres encore, tombèrent au champ d’honneur.

Cependant, l’apaisement n’est pas définitif autour d’une cause désormais historique. Les passions ne sont pas encore complètement éteintes. Lorsqu’on évoque les années 1897 à 1899 devant l’un des survivants de cette époque, son visage s’éclaire, sa voix se fait plus âpre, et tout son être frémit au souvenir de la lutte ardente. Les jeunes savent que l’affaire Dreyfus a remué profondément la France, et qu’elle a influé sur la politique intérieure jusqu’en 1914, mais ils n’ont guère cherché à connaître les origines du drame.

Aux hommes admirables qui, au risque de briser leur carrière, de détruire leur vie de famille, se sont jetés dans la mêlée pour défendre mon père, à mes glorieux camarades de guerre, à la jeune génération qui n’a pas connu les grands combats, je dédie ce livre.

P. D.

Tree