naissances éloignées en avant du gros de l’escadron, très impressionné par les souvenirs qu’il rencontrait à chaque pas, dans ce pays témoin de l’enfance et de la passion de Jésus-Christ.
Un jour, il poussa jusqu’à Hébron, et les Druses catholiques qui habitaient ce pauvre village lui montrèrent le tombeau d’Abraham. Toutes ses croyances d’enfant lui revenaient à la mémoire, et son cœur battit bien fort à la pensée qu’il allait voir Jérusalem.
Un soir après une marche pénible à travers des collines pierreuses, il arriva dans un hameau assez misérable, bâti sur un éperon isolé ; son guide arabe le nommait Beit-Lahm ; mais un religieux vêtu de blanc sortit d’un ermitage en reconnaissant l’uniforme français, et lui apprit qu’il était à Bethléem.
Là, était né le sauveur du monde. À quelques kilomètres dans le Nord, Jean Cardignac, pénétré d’une émotion religieuse indéfinissable, chercha les murs de Jérusalem. Il était arrivé au bord d’un étroit ravin, au fond duquel coulait le torrent du Cédron ; au loin, dans l’est, la mer Morte miroitait semblable à un lac de mercure ; le Jourdain déroulait dans la plaine son mince ruban d’argent ; il allait atteindre le Mont des Oliviers, la ville sainte… une estafette le rappela, et l’escadron tout entier dut obliquer vers l’Ouest : car Bonaparte, après la prise de Jaffa, continuait sa marche au Nord sur Saint-Jean-d’Acre, afin d’y attaquer sans retard le Pacha turc Djezzar qui s’y était réfugié.
Cette place prise, la ville sainte tomberait d’elle-même, et après elle, Damas, qui devait servir de premier point d’appui à Bonaparte dans sa marche sur l’Inde. Mais Saint-Jean-d’Acre ne fut pas pris et l’armée française ne prit pas Jérusalem.
Rattaché au corps du général Junot, l’escadron d’éclaireurs quitta donc la Judée pour entrer en Galilée : il traversa Sichem, Samarie, fit une pointe vers le lac de Tibériade et entra à Nazareth, précédant Bonaparte de quelques heures seulement. Grand fut l’étonnement des Français en pénétrant dans le couvent de cette humble bourgade, où s’était passée l’enfance de Jésus, d’y trouver une église magnifique, illuminée par des milliers de cierges entourant le Saint-Sacrement.
Un prêtre français y officiait, et pendant que, à cette heure, en France, les prêtres étaient poursuivis et les églises fermées, l’armée d’Égypte, ses