CHAPITRE XIV
à l’état-major de l’empereur
— Saberlibobette ! C’êdre tu d’meme une pien ponne idée qu’il afre là, le bédit Tontu, té nous faire foilliacher en foiture !
Le grenadier Zimmermann — un Alsacien haut de deux mètres (sans son bonnet à poil) — ponctua cette appréciation d’un :
— Fife l’Embreur !
énergique. Puis, battant le briquet, il se mit en devoir d’allumer sa pipe.
— Après toi, s’il en reste ! dit le caporal Cancalot.
— Foilà, gaporal ! a fot’serfice !
— Troun de l’air ! intervint alors un grenadier plus petit, maigre et sec, qui répondait au nom de Campistrol (Marius) et qui avait vu le jour à Marseille — Troun de l’air ! ze ne trouve pas qu’il ait une si bonne idée, té ! l’Empéror !… z’ai les reins cassés par les cahots, bagasse ! Te ! ça ressemble pas à la malle de cé nous !
— Ça prouve que t’es difficile, mon garçon, riposta Cancalot. Si c’était pas les ridelles de la guimbarde qui te talent les côtes, ça serait les bretelles de ton sac ! C’est du pareil au même ! D’ailleurs, y n’faut pas te plaindre ! Ça n’est pas bien vu aux grenadiers ! Et puis, songe un peu : ça économise joliment ta chaussure.
Les dix grenadiers qui composaient le chargement du véhicule, éclatèrent de rire aux dépens du Marseillais, et Jean qui, assis à l’avant sur une botte de paille, avait écouté ce colloque, riant aussi :