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CHAPITRE XV

guerre à mort


Quelques jours plus tard, la famille était réunie au grand complet. Il y avait, rue de la Huchette, un grand dîner pour le baptême des deux bébés.

L’après-midi, le curé de Saint-Séverin avait versé l’eau lustrale sur leurs petits fronts ; cette ablution du reste n’avait pas eu l’air de les enchanter ; ils avaient même poussé les hauts cris lorsque le digne prêtre leur avait introduit un grain de sel sur la langue.

L’un était blond comme Lisette ; l’autre, brun comme Jean, avait déjà sur les tempes deux jolies bouclettes noires. On appela le brun Henri Napoléon ; le petit blond fut nommé Jean César. (C’était la mode alors de baptiser les enfants du nom du grand homme ou d’un nom de héros romain.)

Donc la famille fêtait le baptême de Henri Napoléon et de Jean César. On était au dessert, et Belle-Rose levait son verre pour porter un toast à ses arrière-petits-fils, lorsque la servante annonça deux visiteurs.

— Qui donc, c’est-il subséquemment ? demanda le vieux.

— C’est nous, patron ! s’exclama une voix bien connue.

Et Grimbalet, ouvrant la porte, se présenta :

— Salut tout le monde ! mon capitaine et toute la compagnie ! s’écria-t-il en saluant militairement. Et que donc que je vous annonce que mon colonel il désire vous souhaiter le bonjour.

— Ton colonel ? dit Jean qui s’était levé.

— Parfaitement !… et le voilà !