Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/439

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La Garde comprenait alors trente mille hommes qui se trouvèrent réunis à Soissons : elle était commandée par le général Drouot nommé aide-major général. Les grenadiers à pied étaient sous les ordres de Friant et on comptait parmi les noms des généraux qui marchaient à la tête de cette troupe d’élite ceux de Morand, Ornano, Lefebvre-Desnouettes et Cambronne.

Le 16 juin à Ligny, la Garde donna peu. Suivant son habitude, Napoléon la ménageait. Il ne se doutait guère qu’elle allait presque tout entière trouver son tombeau le surlendemain à Waterloo !…


La pluie n’avait cessé de tomber par torrents dans la journée du 17, et pendant la nuit du 17 au 18, elle avait tellement détrempé le terrain que la marche y était devenue des plus pénibles : il fallut attendre que le soleil eût rendu au sol quelque consistance, et ce fut vers onze heures seulement que s’engagea la lutte qui allait décider du sort du monde.

Les quelques heures ainsi perdues par la force des choses, allaient permettre aux Prussiens d’arriver à temps au secours des Anglais.

Ce fut Ney, le brave des braves, qui ouvrit le feu en attaquant la Haie-Sainte. Lui jouait son va-tout, car, envoyé contre Napoléon pour l’arrêter à son retour de l’île d’Elbe, il avait passé de son côté avec ses troupes et devait payer de sa vie, trois mois après, ce dévouement à son ancien chef.

Sous son ardente impulsion, le combat devint acharné sur cette partie du champ de bataille. Après une lutte de géants, la Haie-Sainte fut emportée et les Anglais commençaient à lâcher pied, lorsque, vers une heure, le corps prussien de Bulow apparut au loin sur notre droite.

Alors pour en finir avec les Anglais, avant l’entrée en ligne de ces trente mille Prussiens, l’Empereur lança sur eux toute sa cavalerie : chasseurs, lanciers et cuirassiers.


L’heure est solennelle et le spectacle est inoubliable ; les casques, les cuirasses resplendissaient au soleil : cinq mille chevaux gravissent au grand trot la pente du mont Saint-Jean.

Ney est à leur tête. Ils essuient la décharge des canons anglais sans faiblir, s’élancent sur les carrés de Wellington, se précipitent sur les baïonnettes. La résistance de l’ennemi est acharnée : nos cavaliers sabrent avec rage, défonçant plusieurs carrés, sont chargés à leur tour par la cava-