Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Henri les vit dérouler en courant la chaîne de la dernière ancre… mais la tentative resta vaine.

Peut-être, la vitesse extrême de marche empêcha-t-elle l’ancre de mordre ?


Trois matelots étaient écrasés par une caronade.

Peut-être, comme le brick avait dérivé vers le Nord-Est, ainsi que l’indiquait la boussole, la chaîne ne pouvait-elle atteindre le fond de la haute mer ?

Toujours est-il que pas un instant la marche ne parut entravée !

Il est difficile, n’est-il pas vrai, mes enfants, de se figurer une situation plus terrible que celle où se trouvaient ces officiers et ces marins.

Entraîné en pleine obscurité, tel un fétu de paille, le brick ne pouvait plus gouverner… Il n’y avait plus qu’à se « laisser porter », comme disent les navigateurs, et attendre l’accalmie.

Pourtant tout le monde faisait preuve du plus beau des courages : le courage calme devant l’imminence de la mort.