Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/320

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bordant au nord la République de Libéria et masquant Iverouané du côté de l’est.

Quant à Georges Cardignac, qu’accompagnait M. d’Anthonay, il prenait le commandement du reste du détachement et du canon. Son objectif était d’attaquer par l’ouest, en s’appuyant à la chaîne de montagnes dont fait partie le Djebel-Daro.

Tout fut prévu, comme heure de départ et d’arrivée, et en même temps les mesures furent prises pour que la marche restât secrète autant que possible, et que l’ennemi n’eût pas vent de notre approche.

Mais en pareille circonstance, surtout quand on marche en pays inexploré et hostile, il se produit fatalement des incidents qu’un chef ne peut prévoir ni éviter, malgré la meilleure bonne volonté et la plus grande vigilance.

C’est ainsi que Georges Cardignac, alors qu’il était près d’arriver à l’endroit convenu par le plan, se trouva retardé par un marigot[1] où ses mulets, porteurs de l’artillerie, s’embourbèrent. Deux y périrent, un autre eut la jambe broyée par un caïman ; on eut toutes les peines du monde à les débâter de leurs caissons, et quand ce fut fait, on dut organiser des civières pour faire porter à bras d’hommes les charges de munitions.

Enfin on put se remettre en route, et, contournant en pleine montagne les sources d’un petit affluent du Niger, Georges et sa troupe finirent par atteindre au sud-ouest de Iverouané le point précis d’où ils devaient participer à l’attaque ; mais la petite colonne était déjà fort en retard… car là-bas l’action était engagée !


Effectivement, derrière un massif rocheux, couvert d’une végétation touffue, on pouvait percevoir le bruit de la fusillade. Le massif lui-même masquait à Georges la vue de Kerouané. Par suite, l’aspect de la bataille qui s’y livrait lui échappait, et un sentiment de poignante angoisse lui serra le cœur.

Rapidement, il escalada non sans peine les roches abruptes, et, arrivé au sommet, la vallée lui apparut avec tous les incidents du combat.

  1. Sorte de marais.