Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/338

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Conduit à la tente du commandant de la colonne, il lui présenta un pli dont la lecture fit aussitôt bondir de sa couchette le capitaine Cassaigne.

Il était signé Gallieni, daté de Nyamina sur le Niger et était ainsi conçu :


« J’apprends fortuitement la présence de votre colonne au-delà de Siguiri : ayez toute confiance dans le messager que je vous envoie, et ne perdez pas une heure pour vous mettre en route : il y va du salut de ma mission et de notre influence sur le Niger. Considérez donc l’ordre que je vous envoie comme émanant du Gouverneur lui-même :

« La situation est la suivante :

« Ahmadou, sultan de Ségou, après avoir retenu pendant plusieurs mois notre mission, le lieutenant Vallière et moi, avec nos cinquante tirailleurs d’escorte, nous a laissés partir, après avoir signé un traité[1] par lequel il autorisait les Français à fonder des comptoirs et à ouvrir des routes dans son royaume : de plus, il a accepté le protectorat de la France avec entretien d’un résident à Ségou, et il nous accorde le droit de navigation sur le Haut-Niger.

« C’est donc la réussite complète de notre mission : à aucun prix ce résultat ne peut être compromis.

« Or je suis informé qu’à la suite de l’arrivée d’un certain docteur anglais venu de Sierra-Leone, Ahmadou s’est ravisé, et que, considérant notre petit nombre, il a résolu de nous arrêter avant notre retour à Kita, pour nous reprendre, au besoin par la force, le traité en bonne et due forme dont je suis porteur et qui est revêtu de son sceau.

« La présence d’une colonne française seule peut lui donner à réfléchir.

« Descendez donc immédiatement sur Bammakou, où nous bâtirons plus tard un poste sur le Niger : je vais m’y fortifier en vous attendant, car je ne puis plus gagner Kita directement d’ici ; j’en suis déjà coupé par des contingents ennemis envoyés de Koundou. Dans cinq jours vous pouvez m’avoir rejoint, et, par un chemin qui vient de m’être indiqué, nous pourrons ensemble gagner le Baoulé, et directement Badoumbé sans repasser par Kita.

  1. Ce traité, un des plus importants qui aient été passés au Soudan, a mis en relief pour la première fois le nom du futur gouverneur de Madagascar.