Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/439

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— Quel ennui, murmura Georges, voilà que nous allons être obligés de débarquer ici ! Pépin n’a pas prévu cela et personne ne sera prévenu.

— Eh bien ! fit Paul, ça va être tout à fait drôle au contraire. On nous attend sur les quais, nous arriverons par le train.

Mais ils se turent, l’amiral Duperré, commandant l’escadre de la Méditerranée, venait de monter à bord.

Il était chargé, par le Gouvernement, de recevoir, à bord du Bayard, les restes de l’Amiral, son ami.

« Officiers et marins du Bayard, dit-il après avoir salué le cercueil, vous conserverez dans vos cœurs le souvenir du chef qui vous a tant aimés.

« Avoir partagé sa gloire sera votre éternel honneur.

« Tous nous recueillerons pieusement pour les imiter les nobles exemples que nous lègue l’Amiral Courbet. Il n’a jamais eu pour guide que le sentiment du devoir, l’amour de son pays, les intérêts et la gloire de notre chère marine ! Lui aussi il fut sans peur et sans reproches. Cher et excellent ami, repose en paix ! Adieu ! »

À huit heures, le Bayard salua Courbet de dix-neuf coups de canon ; le corps fut embarqué dans le canot amiral, que prit à la remorque un des canots qui avaient torpillé à Scheipoo la flotte chinoise ; un grand nombre d’embarcations formèrent escorte, et toute cette flottille, passant devant la première ligne de l’escadre, entra dans le port Pothuau. Les compagnies de débarquement, groupées en dehors des jetées, portèrent les armes, les tambours battirent aux champs, et, sous la direction d’un officier de la Couronne, les matelots débarquèrent le lourd cercueil.

Georges et Paul étaient montés dans le canot portant l’abbé d’Ormesson.

Quand le cortège se mit en marche vers la gare :

— Monsieur l’aumônier, murmura Georges, merci encore… Je vais attendre votre appel.

— Vous n’attendrez pas longtemps, mon enfant : ce soir même j’écrirai à Metz. À bientôt !

Le corps de l’Amiral Courbet ne devant pas s’arrêter à Toulon ; la délégation toulonnaise, conduite par l’amiral Krantz, était venue le saluer à Hyères, et pendant que les discours succédaient aux discours, les deux amis montèrent dans un train en partance pour Toulon.

Sur le quai, comme on devait s’y attendre, personne ! Georges, nerveux,