Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/13

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non sans peine du jeune officier d’aérostiers qu’il lui soit permis de s’asseoir dans la nacelle.

Il l’y précède et commence à lui donner quelques explications lorsqu’une automobile surgit et arrive en trombe près de la nacelle, quatre officiers en descendent. Le lieutenant d’infanterie commandant le poste de garde, trompé par des papiers qu’ils exhibent et la qualité de délégués du commandant de l’établissement d’aérostation du Chalais qu’ils prennent, les laisse sans défiance approcher de l’aérostat. Sous prétexte de vérifier la solidité des cordes d’amarrage, ils se portent aux quatre amarres, les coupent à un signal donné, et profitent de la confusion produite par le traînage du ballon pour remonter dans leur voiture et disparaître.

C’est un attentat anarchiste.

Malgré les grappes des soldats qui s’accrochent à ses câbles, le Patrie No2 est entraîné par un vent qui croît rapidement, et quand le lâchez-tout retentit, il s’enfonce, la nuit venue, dans les profondeurs du ciel.

Seule dans la nacelle avec cet officier qu’elle ne connaissait point, Christiane de Soignes s’abandonne à un désespoir qui tourne vite à l’affolement. Que va-t-il arriver ? que dira-t-on si jamais elle en revient ? quelle atroce inquiétude au château !

Son affolement redouble lorsque le lieutenant lui déclare qu’il n’est pas maître de l’aérostat, la corde de commande du gouvernail étant immobilisée quelque part à l’extrémité du long fuseau de soie.