Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La nuit se passe dans une angoisse inexprimable, et quand le jour arrive Georges Durtal constate avec stupeur que le Patrie est au-dessus de la mer du Nord et file droit au nord à la vitesse de cent kilomètres à l’heure.

Il tente de grimper dans les cordages pour libérer la corde qui maîtrise le gouvernail, risque de tomber, recommence sa périlleuse gymnastique en constatant que le Patrie va se perdre dans les solitudes de l’Océan glacial et finit par atteindre le gouvernail, après une série d’efforts audacieux qui arrachent à sa compagne des cris d’admiration et de terreur. Le jeune homme a conquis l’enthousiaste jeune fille par son courage tranquille et quand, maître de l’aérostat, il le dirige vers les falaises norvégiennes qui bordent l’horizon, et aborde dans un fjord aux parois abruptes où il échappe à l’étreinte du vent, elle est sous le charme, sa terreur a disparu et elle compare au fond d’elle-même le vaillant que le hasard a mis sur sa route à ces oisifs et à ces snobs qui se disputent à Andevannes sa main et sa dot.

Un superbe yacht, l’Étoile polaire, est à l’ancre dans le fjord voisin du cap Nord où vient d’aborder le Patrie, et ses matelots aident les naufragés de l’air à atterrir. Ce yacht appartient à un milliardaire américain, Sir James Elliot, qui, accompagné de sa femme et du docteur Petersen, tente de gagner un pari d’un million de dollars engagé avec Sir Astorg, roi du Cuivre. Sir Elliot est le roi de l’automobile et il a parié de monter plus haut vers le nord que le lieu-