Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/101

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planter l’essence dans les machines. C’est mon collègue, le Roi des pétroles, qui en fera une culbute ce jour-là !

— Sir James, interrompit soudain le savant, j’ai la réponse au problème que nous nous posions tout à l’heure.

— Quel problème donc ?

— Nous nous demandions que faire pour que notre passage au Pôle ne soit pas celui d’un fétu de paille emporté par le vent…

— Vous avez un moyen ?

— J’en ai un : si nous voyons, en passant au Pôle, ce que jamais un œil humain n’a vu, admettrez- vous que nous aurons rempli notre programme ?

— Certes !… Mais que voulez-vous dire ?

— Nul homme’n’a vu jusqu’à ce jour l’étoile polaire au zénith, sur sa verticale… Nous, nous pouvons, nous devons la voir…

— Comment ! avec ce brouillard ? Mais l’étoile polaire est de troisième ou quatrième grandeur seulement, je crois.

— Justement : dominons-le, ce brouillard ; il n’est pas tellement épais que nous n’en puissions sortir, en nous élevant d’un millier de mètres, par exemple. C’est une altitude que peut atteindre le Patrie. Puisque la lunette de mon instrument arrive à percer ce voile pour découvrir derrière lui une étoile de première grandeur, c’est qu’il n’a qu’une faible épaisseur au-dessus de l’aérostat. À terre, il s’épaissit, c’est entendu, et nous ne verrons rien ;