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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/149

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autre de trouver la place prise, ne se fût jamais pardonné de n’avoir pas touché la hampe de ce drapeau qui prolongeait l’axe terrestre.

Quand elle fut à mi-pente, non sans peine, et s’appuyant sur un piolet qu’elle avait eu soin d’emporter, son mari, descendant de deux ou trois pas le rapide talus, lui tendit la main pour la hisser au sommet.

Un dernier effort, et elle allait l’atteindre, lorsque soudain son piolet s’enfonça tout d’une pièce dans une fente insoupçonnée ; manquant d’appui, elle tomba lourdement, et tout à coup, une crevasse s’ouvrant sous ses pas, mistress Elliot disparut en poussant un cri déchirant…

— Cornélia ! jeta le milliardaire.

Et, glissant sur la pente où venait de se révéler cette fissure béante, il s’y effondra à son tour.

Muets d’horreur devant cette catastrophe inattendue, les deux jeunes gens s’étaient rejetés en arrière, Georges Durtal, cramponné d’une main à la hampe du drapeau suédois, solidement enfoncé dans la glace, avait lâché son fusil pour saisir Christiane et l’empêcher de glisser.

Quelle crevasse venait de se révéler là ?

Conduisait-elle aux abîmes océaniques, ou s’arrêtait-elle au niveau de la banquise ?

L’aventure prenait les proportions d’un drame, lorsque la voix de l’Américain, très proche, appela :

— Commandant ! Venez vite !… vite !