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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/173

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doigts de Christiane et de Georges Durtal se rencontrèrent, sous le sourire indulgent de mistress Elliot. Un bien-être général pénétrait les passagers du Patrie et leur ôtait, pour un instant, l’obsession du retour.

Il semblait que la confiance et l’enthousiasme du docteur eussent gagné tout le monde.

Les montres marquaient dix heures. Il fallait faire un effort pour se rappeler que c’était dix heures du soir et non dix heures du matin, tant ce jour perpétuel troublait les notions acquises dans les climats tempérés.

Le Patrie avait atteint le Pôle le dimanche à huit heures du soir, ayant quitté le Cap Nord l’avant-veille à une heure du matin. Il avait donc mis trente-sept heures à effectuer le trajet, dépassant de sept heures à peine la limite que sa vitesse avait fait prévoir au départ.

— Record sans précédent et tout à l’honneur des dirigeables français ! proclama sir Elliot.

— Et le retour !

C’était Georges Durtal qui jetait ce mot sur les cerveaux échauffés, car la douceur de l’heure présente et le répit accordé par les vents ne lui avaient pas fait perdre un instant de vue le redoutable problème…

Sauver Christiane, ne pas permettre que ce visage adoré devint semblable à ceux que la faim avait creusés là, tout près ; que ces yeux d’un bleu profond s’effondrassent dans le néant des orbites sans