Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/223

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Peu de temps après l’apparition du volcan sous-marin, en effet, on l’avait vu tirer de sa poche son carnet de notes quotidiennes.

Il les avait relues, vérifiées, puis avait refait quelques calculs.

Soudain il s’était plongé dans un abîme de méditations qui se manifestaient tantôt par une véritable prostration, tantôt par une agitation fébrile.

À tout autre moment, l’expression soucieuse de sa physionomie eût frappé ses compagnons de voyage. Mais tous les regards étaient fixés au loin, soudant l’horizon, et nul ne l’interrogea.

Était-ce la perte de son cher instrument, abandonné avant vérification des observations déjà faites ?

Était-ce le regret de n’avoir pu mener à bien la visée suprême dont il attendait l’immortalité scientifique, ou bien encore l’impuissance où il était désormais de noter les différentes étapes du retour ?

Son agitation devint telle que, dans une visée faite à l’aide du sextant, il laissa échapper l’appareil, qui disparut, petit point noir sur la neige.

Quelle que fût l’infériorité de ses précisions, comparées à celles que donnait le théodolite Petersen, le sextant n’en était pas moins le seul instrument capable d’indiquer aux naufragés de l’air en quel point de la planète ils se trouvaient, et l’Américain, témoin de la maladresse du savant, eut une exclamation de regret.

Mais le docteur ne sembla point l’entendre et il