Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/240

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Lui non plus ne sut que dire à sir Elliot.

Il était bien obligé de s’avouer à lui-même que l’Américain avait trouvé la seule solution… logique.

Ils en étaient à l’heure de la lutte pour la vie, et, au vingtième comme au premier siècle, les races « inférieures », comme on appelait la race de Cham, étaient tenues de fournir les sacrifiés.

En présence du délestage inattendu dont il avait été le témoin abasourdi, Georges Durtal n’en avait pas moins eu la présence d’esprit de ne pas lâcher le lourd réservoir et de le laisser suspendu à l’extrémité des tubes de sustentation ; une simple poussée suffirait, au moment voulu, à le jeter à la mer.

Mais il fallait prévoir d’autres délestages.

Manifestement, les déchirures par où s’écoulait le sang du Patrie s’agrandissaient d’heure en heure et ce n’était plus le jet mesuré de boîtes de conserves, de cordes ou de vêtements qui pouvait l’enrayer.

D’ailleurs, rien de tout cela n’existait plus à bord.

Aussitôt donc, le jeune homme s’attaque a l’une des hélices. À cheval sur l’arc-boutant qui débordait la nacelle à droite, il desserre les écrous qui fixaient à son axe l’aile droite du Patrie.

C’était d’ailleurs une opération familière aux aérostiers de Moissons et de Meudon, car les hangars ballon comportent pour loger la nacelle un fossé profond, mais étroit, dont il est souvent à craindre que les hélices raclent les parois. Quand donc le vent est assez fort pour prendre en flanc l’aérostat à sa