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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/262

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Or, il nous est interdit, après la lecture de ce testament, de regarder la fin de ce malheureux Petersen autrement que comme un suicide prémédité… C’est affreux !

— Affreux ! madame, ne put s’empêcher de protester Georges Durtal… Mais sans lui…

— Je sais ce que vous allez me dire… Nous devons la vie à ce suicide. Mais je n’ai qu’une réponse à vous faire : en aucun cas nous ne devons disposer de l’existence que nous a confiée le Très- Haut…

— Même pour en sauver d’autres ?…

Le milliardaire évita à sa femme une réponse embarrassante.

— Pauvre Petersen, fit-il, il aurait eu, comme géologue, de sérieuses satisfactions s’il avait pu atterrir avec nous, car c’est le sol riche et vierge par excellence ; ainsi, voyez, il doit y avoir de l’étain ici : voilà une pierre aux lamelles argentifères qui n’est autre qu’une pyrite d’étain. Étain et or ! une concession sur ce plateau donnera des bénéfices immédiats, colossaux…

Et, les yeux à terre, le milliardaire s’absorba dans l’examen du minerai.

Christiane, silencieuse et émue, songeait.

Elle se reprochait de n’avoir pas deviné tout ce que renfermait de dévouement et de droiture l’ingrate enveloppe du pauvre savant, en qui elle n’avait vu qu’un doux maniaque. Il avait su choisir, pour se débarrasser d’une vie trop lourde, le moment où