Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/56

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La constatation de cette dérive était de règle au départ. Avant de mettre la machine en marche et d’orienter le ballon dans une direction déterminée, il était indispensable aux aéronautes de savoir quels étaient le sens et la direction du courant dans lequel ils allaient se mouvoir.

C’est ce qu’expliqua Georges Durtal à l’Américain, surpris que les hélices ne fussent pas en mouvement des le départ.

Puis, d’autres sujets détournèrent l’attention des passagers. Derrière un promontoire dénudé, un petit village venait d’apparaître, avec ses maisons de bois, ses chalets aux toits empanachés de fumée, blottis au creux des rochers, et les canots de pêche alignés le long de sa jetée de granit.

— Hammerfest, fit le docteur Petersen, qui avait tiré sa jumelle. Détruite par un incendie en 1890, la voilà rebâtie et plus prospère que jamais. Aucun autre peuple n’a pu bâtir une ville à pareille latitude, ajouta-t-il d’un air sentencieux.

— Pardon, docteur… En Alaska, nos compatriotes…

— Oh ! sir James, que dites-vous là ? Fort-Yukon, le point habité le plus septentrional de l’Alaska, est juste sur le cercle polaire : 66° 32’30”. Hammerfest est à 70° 40’2”. Il y a 450 kilomètres d’écart… Nous tenons le record, vous dis-je.

L’Américain haussa les épaules : son compatriote redevenait Norvégien, décidément !

Un second coup de canon, tiré par l’Etoile--