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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/58

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s’infléchissait à chaque mouvement du gouvernail. Sir James arriva à décrire un cercle, puis un huit complet ; et ce fut avec la sûreté d’un pilote de profession qu’il fit passer le Patrie au-dessus du petit kiosque qui, sur l’île Magero, marque le point géographique appelé Cap Nord.

71° 10′ 40″″ !… proclama le docteur Petersen, des qu’on eut dépassé ce point. Et il inscrivit sur son carnet de route cette première observation fournie par son précieux instrument.

Son instrument, il le couvait des yeux.

Les mécaniciens de l’Étoile-Polaire l’avaient disposé a l’arrière du Patrie, sur un entablement spécial, solidement boulonné contre le bordage de la nacelle. Rivé lui-même à cet entablement par de gros écrous, l’appareil définit tous les déplacements d’équilibre et les chocs les plus violents. Des niveaux d’eau extrêmement sensibles, dans lesquels l’eau était remplacée par de l’alcool coloré, permettaient de lui donner l’horizontalité nécessaire aux observations, quelle que fût la position de la nacelle, et sa lunette principale, se mouvant le long d’un limbe vertical, qui pouvait prendre lui-même un mouvement de rotation sur un cadran horizontal, lui donnait assez l’air d’un canon-revolver. Un siège mobile avait été disposé près de l’instrument, et le savant ayant manifesté son intention de ne pas le quitter, on l’avait garni de coussins permettant un somme au digne homme, dans l’intervalle de deux observations.