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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/68

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chures de la Léna, un mammouth fossile, dont les écailles et les muscles adhéraient encore à la peau ? Vive Dieu ! Je vous ferai faire là-bas, madame, un repas antédiluvien, entendez-vous ?

Nous mangerons des côtelettes de diplodocus et du gigot d’iguanodon !

Et, les fouilles ?… Mais de même qu’on a trouvé, dans les îles de la Nouvelle-Sibérie, des dents de pachyderme pesant plus de soixante-dix-kilos, de même je me fais fort de découvrir là-bas de véritables bancs d’ivoire fossile.

Quelle richesse, sir James !…

Et, dans le ronflement du moteur, qui venait de remettre les hélices en mouvement, le docteur Petersen poursuivit, le bras levé, avec un accent de religieuse conviction :

— Il y a autre chose, sir James. Je suis partisan, moi, du système de Laplace sur la formation de notre système solaire et de la condensation, par anneaux concentriques, de la nébuleuse originelle… Or, si cette haute hypothèse scientifique est vraie, — et elle doit l’être — si l’axe de rotation s’est peu déplacé dans notre sphéroïde, si les Pôles, en un mot, ont conservé à sa surface la même position, voyez quelle impressionnante conclusion nous en pouvons tirer…

Il baissa la voix, et, lentement, comme s’il eût parlé dans un temple, sous le coup d’une mystérieuse émotion :

— Cette conclusion, fit-il, c’est que les régions