Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/11

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C’était à la conquête de l’or, de l’or qui lui manquait, de l’or qui devait l’arracher à la banqueroute menaçante.

Dans son dernier et merveilleux voyage à travers l’Afrique, le colonel Monteil rejoignant le Tchad aux sources du Nil, avait révélé à l’Europe l’existence de mines d’or telles qu’il n’en existait plus au monde.

Une rivière, tributaire du Chari, le Bahar-Dari, roulait des paillettes innombrables du précieux métal.

Il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser des trésors.

Et comme jadis, à l’époque des découvertes californiennes, tous les peuples avaient été empoignés par une ardente convoitise.

À la lecture des récits du colonel appuyés sur des preuves irréfragables, à la vue des échantillons de pépites exposées aux vitrines du palais de l’Exposition de 1900, pépites dont quelques-unes atteignaient 25 kilogrammes, une fièvre intense s’était emparée des nations et des individus.

Comme jadis, les Portugais attirés sur la côte de Mozambique par la réputation des mines de Sofala, quatre des principaux États de l’Europe avaient organisé de puissantes colonnes, et du Cameroun allemand, de l’Afrique orientale anglaise, du Congo belge et de la Nouvelle-Erythrée italienne des missions étaient parties.

De toutes ces expéditions, la mieux et la plus promptement organisée était celle de l’Italie, et c’est elle que nous trouvons cette nuit d’octobre 19** à quelques jours seulement des trésors convoités.


— Tous les noirs ont disparu ! cria, la figure bouleversée, un officier se précipitant vers la tente du colonel.

— Les porteurs ?

— Partis, laissant là leurs charges !

— Les Somalis ?

— Partis, emportant leurs armes !

Une sueur froide perla sur les tempes d’Anselmo Vitali. Si près du port, allait-il échouer ?

— Que signifie ?… dit-il.

Du fond de l’immense forêt, un bruit s’éleva semblable à celui des vagues heurtant des falaises lointaines.