Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/14

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Ce fut une immense clameur qui couvrit les détonations des armes à répétition, comme le bruit de la tempête domine l’appel du canon des navires en détresse, et soudain, de tous les côtés à la fois, des myriades de nègres apparurent, grouillant, se poussant, bondissant, tombant, rampant, accourant à toute vitesse, affreux, hideux, semblables à des légions de démons !


En un instant la clairière en est pleine.

Ils ne tirent pas.

Ont-ils des armes seulement ?

Oui, des coutelas larges d’une main qui étincellent dans la nuit.

Des centaines d’entre eux sont déjà tombés sous les balles au milieu des herbes, mais les vides ainsi produits sont instantanément comblés par la masse hurlante qui sort des bois.

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, elle a atteint le rempart épineux et l’a franchi de tous les côtés à la fois.

C’est le corps à corps qui commence.

Est-ce bien le corps à corps ?

Non, c’est l’étouffement !

En quelques minutes il achève son œuvre.

Les coups de feu cessent comme par enchantement, le cercle des nègres se resserre à vue d’œil.

C’est la marée qui monte autour d’un îlot, le diminuant à chaque remous, puis le recouvrant de vagues qui se heurtent en se rejoignant.

Maintenant, c’est fini !

En moins d’un quart d’heure, la mission italienne a été anéantie jusqu’au dernier homme.

Du milieu des tentes abattues, des centaines de bras se lèvent portant des têtes coupées que la lune éclaire blafardes et qui grimacent lamentablement.

Parmi elles, celle du comte Anselmo Vitali, qui jamais n’aura réalisé le rêve doré de son pays.


Et pour la seconde fois, vers le sud, le son de la trompe