Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/141

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Sur la rive droite du Congo s’étendait le Congo français, conquête personnelle et pacifique de M. Savorgnan de Brazza.

La, comme partout, les naturels attaquèrent et détruisirent les postes établis sur la côte et dans l’intérieur du pays : Libreville, Franceville et Brazzaville furent, l’une après l’autre, prises et incendiées, et le drapeau tricolore disparut de ce territoire dont la superficie dépassait celle de la France et dont la volonté tenace d’un officier de marine avait fait une des plus belles colonies françaises.

Il était bien étroit, en effet, le coin de terre que l’amiral Bouet-Willaumez annexait à la France en 1849, en fondant un premier établissement à l’embouchure du Gabon et en y construisant une ville à l’aide d’esclaves noirs libérés.

Peu à peu la petite colonie s’était augmentée, à la suite des explorations de Marche et de Compiègne ; mais c’était M. de Brazza qui, pour la première fois, en 1875, remontant le cours de l’Ogoué, l’avait accrue dans des proportions considérables.

Dans une deuxième exploration, en 1880, il fondait Franceville sur l’Ogoué, atteignait le Congo et bâtissait sur le Stanley-Pool la station de Brazzaville ; en même temps, il signait avec le roi Makoko un traité réservant à la France les avantages du protectorat, et laissait près de lui le sergent Malamine, des tirailleurs sénégalais, pour faire respecter nos droits ainsi reconnus.

Ce modeste gradé, chargé du drapeau tricolore, le tint haut et ferme dans ce pays sauvage ; quand Stanley passa et voulut faire admettre la rive gauche du grand fleuve comme appartenant à « l’Association internationale du Congo », Malamine empêcha le roi Makoko de manquer à la foi jurée et d’incliner le pavillon français devant le drapeau belge.

Aussi mérita t-il de donner plus tard son nom à l’une des embarcations françaises qui sillonnèrent les fleuves de la nouvelle colonie.

Grâce à l’énergie qu’il avait déployée, la France obtenait une délimitation avantageuse du Congo et prenait pied sur le fleuve.

Les Belges restaient maîtres, il est vrai, de son embouchure, concurremment avec les Portugais, maîtres sur cette