Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/174

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de Rabeita, au nord d’Obock. Quand nous y arriverons nous-mêmes, il sera prêt à agir.

— Tu ne pourrais pas faire expédier ce Mounza avec lui ?

— N’y compte pas ; il rôde autour de ta Mauresque comme un chacal et ne partira d’ici qu’avec nous. Encore une fois, méfie-toi de lui.

— Ah ! mon bon ami, que je voudrais donc être déjà quelque part, dans les environs du Rhin, pour te tirer ma révérence.

— Moi aussi, fit Omar, laissant cette fois parler son cœur, je voudrais bien être quelque part sur les bords de la Seine !

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À ce double vœu répondait déjà un commencement d’exécution.

Maintenant le sol africain tout entier tremblait sous le poids des peuples en marche.

Tout le long des vallées, suivant le cours des fleuves, s’ouvrant un chemin à travers les forêts vierges, les colonnes épaisses s’écoulaient, convergeant vers le Nord-Est.

Musulmans anciens et nouveaux convertis, Arabes et Noirs, tous cherchaient à l’horizon le sommet du croissant qui domine le temple saint de la Mecque.

Aucun peuple ne voulait manquer au rendez-vous sacré : la marche était rapide ; les malades, les éclopés, étaient laissés en arrière et crevaient au fond des bois comme des bêtes blessées, première sélection naturelle et nécessaire entre les résistants et les faibles.

Devant ces torrents, les animaux sauvages fuyaient épouvantés, n’échappant à une colonne que pour tomber dans une autre, semblables à des moucherons affolés se débattant au milieu d’une fourmilière.

Après leur passage, tout ce qui était plante, fruit ou céréales, avait disparu comme sous un vol épais de sauterelles-pèlerins.

Chaque jour des masses nouvelles arrivaient au Nil et s’écoulaient le long de ses rives.

Les immenses forêts du Congo et les plaines fertiles du